DÉMARCHE ARTISTIQUE

Ma passion pour les grands maîtres de l’histoire de l’art m’a amené à m’intéresser aux questions et problèmes relatifs à la figuration, à sa contemporanéité et à sa validité en ce tournant de siècle. L’incessant retour des idéologies annonçant que la figuration et au sens plus large, la peinture dans tous ses aboutissements, en tant que véhicule de l’expression et de la pensée humaine, soit en rupture avec l’époque contemporaine. Que son inadéquate fonction sociale, en excluant bien sûr sa réalité décorative, soit incontestablement désuète et que son sort soit continuellement ramené à une question de survie en perpétuelle opposition avec un art de plus en plus hybride, bien souvent hermétique et superficiel. Conséquemment, les questionnements concernant le rôle de l’image peinte dans notre société, son apport à notre évolution collective et son impact sur les mentalités se retrouvent à la source de ma motivation artistique.

Le fragment, la mémoire, le sens, la mémoire du fragment, la perversion du sens. Divers éléments qui se retrouvent actuellement dans mes réflexions et qui nourrissent ma peinture en empruntant différentes formes et aboutissements. Le fragment comme identité et source de création à travers son origine et l’acte même de délimitation physique du sujet, matière première de l’oeuvre. Ce fragment en opposition au «tout». Cette volonté de l’intelligence qui est à l’origine de l’oeuvre mais qui n’est qu’embryon, que potentiel créatif. Ce même fragment qui à son tour devient un tout, suite à l’intervention de l’artiste. L’interaction qui s’établit par la suite entre la réalité primitive du fragment et son achèvement artistique. La temporalité du processus. Le travail de la mémoire, souvent collective, qui octroie au fragment un sens souvent étranger au dessein de l’artiste. L’inéluctable perte de sens.

Mon but ultime est d’utiliser ces paramètres pour influencer d’une certaine manière, la réception de l’oeuvre tant dans sa forme que dans son idéologie. Une volonté de pervertir le sens premier du fragment en lui adjoignant d’autres fragments, en le répétant, en le détruisant. Tenter de véhiculer un propos idéographique qui aurait la capacité de transcender la matérialité première de l’oeuvre.

ARTIST STATEMENT

My passion for the great masters of Art History also led me to concerns and questions surrounding representation: is it actual, is it valid as an art form in this new century? The constant return of ideologies announcing that representation and, in the larger sense, painting in all shape and form, as a mean of expression and human thought, is not contemporary anymore. That its inadequate social function, excluding naturally its decorative aspect, is unquestionably dépassé and that its fate is continuously on a survival mode and in perpetual opposition with a more and more hybrid often hermetic and superficial Art. Consequently, the questions concerning the function of the painted image in our society, its contribution to our collective evolution and its impact on our ways of thinking are at the source of my artistic motivation.

Fragment, souvenir, meaning, the memory of the fragment, the perversion of the meaning, all of those are different elements that inhabit my thoughts and nourish my Art through different shapes and results. The fragment as identity and source of creation through its origin and the act of delimitating the subject, primary matter of the artwork. This fragment in opposition to the “whole”. The willpower of the mind that gives birth to the work but is only the embryo, the potential creation. This same fragment that now becomes whole through the artist’s intervention. The interaction that establishes itself between the primary reality of the fragment and its artistic completion. The timeframe of this process. The work of the memory, often collective, that often confers to the fragment a meaning quite foreign to the artist’s design. The ineluctable loss of meaning.

My ultimate goal would be to use these parameters to somehow influence the reception of the artwork in its form as much as in its ideology. The intention being to pervert the primary meaning of the fragment by adding other fragments, by duplicating it, by destroying it. To aim at convey an ideographic meaning that would have the power to transcend the primal materiality of the work.